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Album
11/05/2020

Then Comes Silence

Machine

Label : Oblivion / SPV (Europe) + Metropolis (USA)
Genre : goth rock / dark rock / post-punk
Date de sortie : 2020/03/13
Note : 75%
Posté par : Emmanuël Hennequin

La formation d’origine suédoise en est déjà à son cinquième format long depuis 2012, année de sa naissance.
La période récente est celle d’une recomposition interne : deux activistes ont quitté le navire en 2018 (Seth Kapadia et Jens Karnstedt), remplacés par les musiciens de session et de tournée Mattias Ruejas Jonson (ex-A Projection) et Hugo Zombie (ex-Los Carniceros Del Norte). La direction artistique reste quant à elle assumée, et semble-t-il avec clarté, par le frontman Alex Svenson. Composition, enregistrement & production : il dirige depuis les toutes premières démos solo, avant même la signature chez Novoton. Et en 2020, Then Comes Silence ne se révolutionne pas : le son studio du groupe n’est pas fondamentalement bouleversé par les récents mouvements internes.

Le mix assuré par Stefan Glaumann (Rammstein, Clawfinger) reluit et vous le savez bien, un album doit être démarré par une chanson forte. Le groupe applique la recette à la lettre : "We lose the Night", avec pour thème de fond la violence des hommes, pose un décorum évocateur et fige immédiatement l’orientation générale donnée à la forme. Machine est produit avec une certaine rondeur, c’est un peu moins épais que sur Blood. Le son a d’ailleurs trouvé une certaine élégance en cette époque de refonte du line-up, sans que cela enlève quoi que ce soit aux mérites des productions précédentes.

L’ensemble est assurément maîtrisé, bien écrit. Si les mélodies ne sont pas toujours aussi spectaculaires qu’on le voudrait, une nouvelle réussite de forme est à mettre à l’actif de Svenson & co. : les chansons respirent et la musicalité du groupe actuel se remarque. Les amateurs de références telles que She Wants Revenge ("Devil") ou Pink Turns Blue se retrouveront dans ces guitares économes et ce rock en mode romantisme noir. Svenson maîtrise ses voix comme jamais et le groupe réaffirme un sens certain de la tournerie ("Dark End"). La répétition du texte peut encombrer la plastique, mais s’insère dans des épaisseurs dramatiques tenues ("I gave you everything"). Elles font oublier.

Le décorum y est et certains référents plus que voyants (le "She’s lost Control" de Joy Division sur la rythmique introductive de "Ritual", titre bénéficiant de la participation vocale de Karolina Engdahl [True Moon / Vånna Inget]). Il y a indéniablement détail et soin apporté à l’ouvrage ; et Then Comes Silence n’est jamais meilleur, finalement, que lorsque ses guitares vont à l’essentiel : retenir ses effets ("Glass", très réussi), contenir la charge héroïque ("W.O.O.O.U. " [pour "wicked one / one of us"]), voici quelques secrets. La production, elle, traduit certains choix : nous l’aurions certes aimé plus brute, mais les réverbérations font toujours partie de l’équation. Elles enrobent. C’est ainsi – et après tout, ce n’est pas mal fait.

Toutes ces choses, enlevées et fardées charbon, offrent in fine une de ces collections de chansons que vous vous plairez à retrouver de temps à autre, sans pour autant les considérer comme de vos classiques. Machine est le produit d’un groupe affirmé, souvent efficace, qui a de la réserve mais ne chavire pas toujours. L’artisanat est un métier difficile, exigeant.

Tracklist
  • 01. We lose the Night
  • 02. Devil
  • 03. Dark End
  • 04. I gave you everything
  • 05. Ritual (feat. Karolina Engdahl)
  • 06. Apocalypse Flare
  • 07. W.O.O.O.U.
  • 08. In your Name
  • 09. Glass
  • 10. Kill it
  • 11. Cuts inside