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Album
23/05/2025

Watine

N'être qu'Humaine

Label : Catgang
Genre : chansons pas chansons
Date de sortie : 2025/05/15
Photographie : Nicolas Barrie
Note : 75%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Catherine Watine a redessiné sa vie, façonnant sa maison, l'ouvrant à d'autres artistes et à un public de passionnés comme elle, heureux de se retrouver dans cet écrin pour des performances intimes et simples.

Cela pose des principes qui se reflètent dans son art : il faut s'ouvrir aux autres et les inviter, accepter les présences, de ceux qui viennent, des bruits du dehors. Accepter aussi ceux qui sont absents et qui restent là, les bruits qui hantent le cerveau, tournent et retournent. La mélancolie est donc présente, dans les paroles, les mélodies, les arrangements qui propulsent des bribes d'un quotidien passé mais qui ne se résout pas à disparaître. Et puis l'avenir est là, plombant au lieu de nous élever, nous les Humains ("Il me raconte", tentative pour transmuter ce plomb en or).

Nous suivons les productions et ce que Catherine montre de sa vie depuis quelques années déjà. Depuis Still Grounds For Love en 2010 ; N'être qu'Humaine est son seizième long format. Étrangement, c'est un disque très serein et on sent que Catherine va bien. Alors même que les thématiques et les harmonies sont produites dans le fond du gouffre. Centré autour du piano, magnifié par des cordes, place est laissée dans cet album pour des ajouts comme ce larsen qui parle au démarrage de "Dessine-moi la Mer", les cordes dissonantes de "J'erre sur cette Terre" ou encore le field-recording de "Nous voulons des Anges". "Pourquoi les Bars" se mue même en expérimentation, associant encore plus piano et triturations dans une composition savante et drôle (la soudaine pointe haut perchée dans le chant).

Une drôlerie qu'on retrouve dans les paroles adressées au vieux Albert dans un registre léger, entre Boby Lapointe, l'argot et l'imitation du phrasé des jeunes, phrasé qu'aucun adulte ne capte pour de vrai. Alors oui, derrière la façade, les ambiances sont variées, se rapprochant également de la promenade cinématographique Nouvelle Vague ("Des Jours comme ça", sans doute le plus aérien).

Je retrouve du Brel dans la qualité des textes ("Dessine-moi la Mer"), un découpage parfois proche de celui de Dominique A ("À ma fenêtre, je vois la mer... tume"), la tendresse du méconnu Maurice Fanon... Les textes jolis fomentent les épousailles de Tristesse et d'Humour, "comme un antidote à notre peur". Les rimes et la scansion parlée, chantée lorsqu'il le faut, donnent toute leur force à ces textes, sans refrains, finement tricotés ("Les Risques de la Nuit" et ses multiples références). Le cri dont il est question ("Nous voulons des Anges") a été gainé de tendresse, comme si Catherine se cajolait elle-même, ronronnait pour soigner les blessures.

Tracklist
  • 01. La Force de la Vie
  • 02. Il pleut Albert
  • 03. Dessine-moi la Mer
  • 04. Les Risques de la Nuit
  • 05. J'erre sur cette Terre
  • 06. Des Jours comme ça
  • 07. Nous voulons des Anges
  • 08. Pourquoi les Bars
  • 09. Il me raconte