L’expérience parle. Trois ans après Secrets, X-Marks The Pedwalk, alias Estefanía et Sevren Ni-Arb, est de retour. Nouvelle collection, ciselée. La route est longue et si le groupe a fait parler de lui pour ses épaisseurs originelles (années 1990, le single "Abattoir"… entre autres !), ses consistances electro-industrielles relèvent du passé : XMTP recherche aujourd’hui le raffinement, au terme d’une entreprise remise en route en 2010 après un hiatus d’une quinzaine d’années.
Transformation est une collection de substances émotionnelles et – pour certaines – dansantes. Tout du long, le savoir-faire des deux protagonistes principaux impose un sens de l’économie et une tonalité fort moins acrimonieuse que du temps des vibrations skinny-puppyennes. Privilège est ici accordé aux mid-tempi voire aux lenteurs, et une forme d’intériorité s’exprime. C’est d’ailleurs un éclat intime qui introduit l’essai : "If I stay", une de leurs chansons les plus troublantes de ces dernières années. La corde sensible vibre, et le fera à chaque réécoute. Addictif. 
Sur Transformation, le groupe allemand partage encore les voix et gagne certaines profondeurs. Ce qui suit "If I stay", polymorphe, est à l’avenant. Le groupe, physique sans en faire trop ("Talking"), décline le thème de la transformation. Il le fit d'abord dans une explication assortie à l’annonce de la publication du cru 2020 : ce contenu, selon eux, a pris racine dans les "barrières intérieures, personnes et comportements qui nous restreignent émotionnellement et dont nous voulons nous libérer. Il s'agit de reconnaître ses propres faiblesses pour mieux les convertir en une énergie nouvelle."
Dont acte. L’économie dans le son traduit une exigence dans les choix. Alors une certaine mélancolie gouverne, oui : la tonalité intimiste (le précédent Secrets portait déjà cela en lui) n’est pas l’affaire du seul et marquant "If I stay". Vous retrouverez ses effluves le temps du beau "Waiting" et, dans une moindre mesure, de "Shadows", sépulcre final.
Le groupe n’en garde pas moins un tempérament joueur et vous danserez peut-être sur le très eighties "Voodoo Love". Le binôme n’en privilégie pas moins subtilité dans l’approche : sans brutalité, sa percussion synthétique déploie un pénétrant clair-obscur ("Sunrise" ou le plus dansant "Let me go"). Le temps semble loin de ces masses vis-à-vis desquelles eux-mêmes expriment parfois distance… XMTP, devenu un autre groupe, a achevé sa mutation. En 2020, la musique qu’il produit est fort différente de celle de ses origines, mais tout aussi enthousiasmante.
