Digital Media / Dark Music Kultüre & more

Chroniques

Musiques, films, livres, BD, culture… Obsküre vous emmène dans leurs entrailles

Image de présentation
Album
17/09/2025

Zëro

Never Ending Rodeo

Label : Ici, d'Ailleurs...
Genre : post-rock
Date de sortie : 2025/09/19
Note : 86%
Posté par : Mäx Lachaud

Présenter Zëro pourrait être pris pour une insulte tant ses musiciens ont marqué le rock indépendant français de ces 35 dernières années, d’abord avec Deity Guns, puis Bästard dans les années 1990, et enfin Zëro a pris la relève dès 2006 et a écumé toutes les salles possibles et imaginables de l’hexagone, avec toujours Eric Aldéa à la guitare et au chant, ainsi que Franck Laurino à la batterie, de la formation originale, puis Ivan Chiossone aux synthés et Varou Jan à la basse. Leur son est resté, quant à lui, cohérent tout en s’enrichissant à chaque sortie. Et rien qu’en termes de production, on peut dire que Niko Matagrin a fait un travail remarquable sur ce dernier opus (le huitième si nos comptes sont bons) car le rendu est épique, noir et intense.

La pochette annonce bien la couleur avec cette voiture qui file à toute blinde dans la nuit, car cet album c’est un peu ça et ça passe très vite. Dès "Niagara Falls", on se dit que cette musique est parfaite pour la bagnole. Les guitares résonnent comme dans des étendues sableuses, la batterie est au pas de course, et le tout est à la fois énergique et mélancolique. On y sent le spectre de Bästard et les traces d’un post-punk qui aurait retenu les moments les plus sombres de Pere Ubu, The Ex ou Rowland S. Howard. La fuite effrénée continue sur "One Track Mind" avec son synthé inquiétant, ses notes obsessionnelles et ses percussions en cavalcade perpétuelle. Ici tout n’est que tension et mouvement, et l’urgence va se traduire carrément par des sons d’ambulance sur "Boogaloo Swamp", premier single extrait du disque, toujours dans cette veine très pêchue.

Le sens de l’ensorcellement est encore plus fort sur "Troubles #2", premier titre instrumental et indéniablement puissant de ce rodéo. La ligne de basse envoûte et elle pourrait durer des heures. Elle devient un canevas pour que le synthé et les guitares s’en donnent à cœur joie dans les évocations cinématographiques. Cette transe était déjà avec eux sur un titre comme "Chinatown" dans les années 1990 (qu’ils continuent d’ailleurs à jouer sur scène) et doit au final autant au krautrock qu’au post-rock. Le milieu de l’album se présente presque comme un entracte avec les ambiances brumeuses et alcoolisées de "Hellvin" et le funky, lumineux et solaire "Back on the Hillside", assez décalé par rapport au reste. Mais on reprend la course-poursuite nocturne avec "Telepathic Overdrive", encore un instrumental assez prodigieux, avec ses guitares en furie et sa basse qui ne nous lâche pas. On entraperçoit ce que ça peut donner sur scène et franchement ça pourrait durer des heures.

C’est d’ailleurs un sentiment que l’on a sur plusieurs titres. C’est presque trop rapide. Sur "Threads", la voix se fait plus narrative, alors que les guitares incantatoires et la batterie tout en roulements rappellent le Sonic Youth période Bad Moon Rising. Au final, Zëro semble aussi nous amener dans une balade endiablée au sein de la Vallée de la Mort comme les Américains l’avaient fait avec leur classique "Death Valley 69". Pour finir, "Custer" perdure dans cette chevauchée hypnotique à la puissance visionnaire. On peut dire qu’il y a des road movies, des roadbooks, mais aussi de la road music, et ce disque en est un parfait exemple. La bonne nouvelle est qu’on pourra découvrir ces nouveaux morceaux dès la fin du mois d’octobre, période  à laquelle le projet lyonnais entame une nouvelle tournée. Vivement !

Tracklist
  • 01. Niagara Falls
  • 02. One Track Mind
  • 03. Boogaloo Swamp
  • 04. Troubles #2
  • 05. Hellvin
  • 06. Back On The Hillside
  • 07. Telepathic Overdrive
  • 08. Threads
  • 09. Custer